rÉMISSION ?

21 avril 2011

J'ai rendez-vous à midi pour une IRM dont le but est de déterminer l’évolution de la tumeur. Je dois attendre le résultat qui sera annoncé lors du concilium ORL une semaine plus tard.

28 avril 2011

Nous arrivons avec un tout petit quart d’heure d’avance au rendez-vous. A la réception, on m’indique d’aller en salle d’attente 2. J’en ai l’habitude, c’est là où j’attendais mes consultations hebdomadaires avec le Docteur Paulsen. Contrairement à mon premier concilium, elle est vide. Je suis un peu surpris car la dernière fois elle était pleine à craquer, à tel point que des patients attendaient leur tour debout.

Je retourne à la réception pour être certain de l’endroit. C’est bien là. Et en effet, quelques minutes plus tard, d’autres personnes arrivent, en couple ou seules. Je désespère car je me vois mal rester là à poireauter comme la dernière fois.

Mais miracle, je suis le premier patient qui va faire  son télé-crochet, observé par un aéropage de médecins qui sont en train de s'installer dans la salle voisine. C'est leur séance de cinéma oncologique, ou de défilé des monstres !

Elle nous installe dans une salle de consultation équipée de tout l'arsenal médical auquel je suis maintenant habitué. Avant de partir, elle me demande si ce sont mes dents.

Je la regarde un peu perdu. Mais qu'est-ce qu'elle veut dire ? Je manque lui répondre que je les ai empruntées à un collègue quand je me souviens des extractions qui étaient réalisées sur certains patients lors du contrôle dentaire initial. Je lui confirme que ce sont bien les miennes.

Un jeune médecin entre dans la salle. Ah zut, je m'attendais au Dr Emery qui avait découvert ma tumeur. Bon, tant pis… Il se coiffe d'un casque audio muni d'un micro, teste la liaison et commence à m’examiner. Il veut tout de suite m’enfiler un tube muni de sa caméra dans la narine droite sans anesthésiant ce con ! Non, mais ça va pas ? Je lui demande aussitôt de la Xylocaïne, un anesthésiant local (hé, à force je m'y connais maintenant !). Le tube passe et sa caméra renvoie aux médecins ébahis la vision de ma tumeur réduite en cendres. J'entends un "Oooh" admiratif émanant de la salle voisine.

Mais non, je déconne.

Il retire le tube et poursuit l'examen. Là j’ai tout de suite une brutale envie de le baffer: il n’est pas médecin, il est vétérinaire, je le jure ! Il me palpe et me fait tourner et incliner la tête comme si j’étais du bétail à qui on examinerait les nasaux et la dentition pour se prononcer sur son état général. Suite à cette manipulation, il en déduit que j’ai donné une "bonne réponse au traitement". Oui, je le savais mon grand, tu n’es pas le seul à me l’avoir dit.

Et mon show se termine sur ces bonnes paroles. Je dois revenir une heure plus tard pour avoir les résultats définitifs. Je suis quand même énervé à cause de ce toubib, je ne pensais pas que la nouvelle école avait encore ce genre de comportement vis-à-vis des patients.

Après avoir fait un saut à la céfétéria, nous revoyons la Doctoresse Berset qui nous donne le feedback du concilium. Pour être certain de ne pas dire de conneries, je te retranscris un extrait du rapport médical:

"Il y a une nette diminution de la masse de la base de la langue droite avec persistance d’une petite lésion de 8 mm de diamètre avec un rehaussement périphérique néanmoins sans signal pathologique après injection de Gadolinium, (métal des terres rares qui est utilisé en médecine comme agent de contraste lors des IRM). Au niveau des adénopathies, on observe une disparition complète de l’adénopathie à droite et une diminution de la plus petite antérieure à gauche. Nette diminution de l’adénopathie postérieure gauche."

Ouf !

Il semblerait après traduction, mais sous réserve, que cette putain de tumeur a été éradiquée par le traitement de radio-chimiothérapie !

O U I   !     YESSSS    !    Et tout ce qui va avec !

Elle est néanmoins sous surveillance étroite, avec un examen toutes les 6 semaines chez un médecin ORL ainsi qu’une IRM de contrôle fin juillet.

Mon futur médical commence à s'esquisser, dirait-on: à court terme j’aurais droit à des examens toutes les six semaines, une IRM tous les 3 mois puis tous les 6 mois, puis une fois par an, et une intervention pour m’enlever le PAC en novembre 2011, une panendoscopie fin 2012 et ainsi de suite. Une chose est certaine, j’ai soigné mon allergie aux blouses blanches maintenant.

Pour l'heure, je m'en fous. Je suis tiré d'affaire, il n'y a que ça qui compte.

Je demande néanmoins quand je pourrais retirer la PEG.

- "Ah ? Vous ne vous alimentez plus avec ce système ?

- Non, ça fait plusieurs semaines maintenant, vous savez, suite aux conseils du Dr Paulsen...

- Ah... montez sur la balance s'il vous plait..."

Je m'exécute et lui annonce mon poids. Sa réponse est sans appel:

- "Mais vous avez perdu 12 kilos au cours du traitement, c'est beaucoup trop ! Normalement les gens en perdent la moitié seulement. Je pense que vous avez arrêté trop tôt l'alimentation entérale. En tous cas vous gardez la PEG plusieurs mois encore, on ne sait jamais.

- Et le PAC ?

- Généralement, on ne le retire qu'au bout d'un an."

De retour à la maison, je me précipite sur le PC pour envoyer un dernier mail:

Bonjour les gens,

J'espère que vous allez bien.

Moi aussi.

Je viens de recevoir les résultats de l'IRMet...... TUTTO VA BENE ! Les ganglions enflés ont été réduits à leur plus simple expression, ou ont "disparu". Pas d'intervention chirurgicale en vue pour enlever les résidus. YESSS !

Ensuite ma tumeur a tellement fondu, qu'à l'heure actuelle il est impossible de dire s'il s'agit de résidus cicatriciels ou de restes de la dite saloperie de mortelle de Berthe de tumeur à la con! Les avis externes et internes à l'hôpital sont fortement encourageants. Je n’écris pas "positif" parce que lorsqu'un toubib t'annonce que les examens sont positifs, ça signifie forcément pour toi qu'ils sont négatifs. Donc pas bon pour toi. Mais cette fois c'est bon pour moi, car c'est pas positif. Tu suis toujours là ou tu veux une aspirine ?

Donc YESSSS one more time !

Pour les détails, je garde la PEG encore 3 mois (la toubib n'a pas dutoutdutoutdutoutdutout aimé lorsque je lui ai annoncé avoir perdu 12 kg - ma grande gueule et moi, on aurait mieux fait de se la coincer sur ce coup-là) et le PAC, une année. Mais lui je m'en fous.

Et comme dit précédemment, il y aura un suivi régulier avec une IRM tous les 3 mois et des visites médicales à l'appui pour observer l'évolution de tout ça.

Mais pour l'instant, hein dites les gens, elle est pas belle la vie ? Pour moi en tous cas, c'est une nouvelle tranche qui commence.

J'espère bien la faire durer et je comptebien ne plus vous envoyer de mails relatifs à ce sujet à l'avenir...

Je vous l'ai dit: c'est une nouvelle étape.

Allez ! La bise !

Patrick

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